Pour inaugurer cette section, je vais vous parler d'une saga qui figure actuellement en tête de liste de mes livres préférés. Il s'agit de "La Belgariade".
La Belgariade est une série de romans d’heroic fantasy de l'écrivain américain David Eddings, parue sous le titre original de "The Belgariad". La série est composée de cinq tomes,  dont le titre associe à chaque fois un terme tiré des échecs et un thème issu de la fantasy:

    - Le Pion blanc des présages (Pawn of Prophecy, 1982)
    - La Reine des sortilèges (Queen of Sorcery, 1982)
    - Le Gambit du magicien (Magician's Gambit, 1983)
    - La Tour des maléfices (Castle of Wizardry, 1984)
    - La Fin de partie de l'Enchanteur (Enchanter's End Game, 1984)

Résumé:

Garion est un jeune garçon qui vit paisiblement dans la ferme de Faldor, éduqué par sa Tante Pol. Parfois, un vieil homme que Garçon surnomme Sire Loup vient à la ferme conter de vieilles histoires (et accessoirement voler de la nourriture aux cuisines). Alors que Tante Pol et Sire Loup quittent la ferme précipitamment, Garion n'a d'autre choix que de les suivre. Il apprend à ses dépens que Torak, le dieu sensé dormir depuis des milliers d‘années, est sur le point de s’approprier Cthrag Yaska, et d’étendre son pouvoir maléfique sur le monde.
Au cours de sa quête, Garion rencontrera de nombreux partenaires et compagnons de route, qui l’aideront à accomplir la rude tâche qui semble lui incomber. Que refuse de lui avouer Tante Pol ? Sire Loup n’est-il vraiment qu’un vagabond ? Garion et ses amis parviendront-ils à repousser la menace de Torak ?

Mon avis

Ce qui se dégage de cette saga, c’est sa simplicité. Attention, ne vous rebiffez pas! Qui dit simplicité ne dit pas obligatoirement navet fini. La simplicité, mêlée au talent, donne parfois un résulté détonnant. Ici, point d’Elfe, d’Orc ou de Nain: le peuple humain suffit amplement! En effet, chaque état comporte sa propre divinité et ses mœurs personnelles. Ainsi, les Nyissiens sont manipulateurs et serviles, mais présentent un attrait trop important pour l’assassinat et le poison;  les Arandais francs, honnêtes mais ne sont pas réputés pour leur ouverture d’esprit, et les Algarois vouent un culte aux chevaux tout en détestant avec motivation les Murgos.
Il y a huit Dieux, et quinze états en tout (dont huit répertoriés en deux grandes catégories: les Aloriens et les Angaraks, les autres sont « libres »).
L’univers de David Eddings comporte toutefois son lot de bêtes féroces et cauchemardesques: Algroths, Goules, Loup-Pierre, Trolls et compagnie sont de sortie.
Au fur et à mesure de l’histoire, Garion va voyager à travers les différents états constituant le Ponant, et cela permet au lecteur d’approfondir (inconsciemment) ses connaissances de ce monde fantastique qu’est celui de la Belgariade. Les différences, les similitudes ou encore les querelles de ces états (je pense particulièrement à la guerre opposant les Asturiens et les Mimbraïques, deux peuples en un seul état nommé Arendie)  prennent vie sous nos yeux, et à la fin de la saga, c’est réellement un autre monde qui se referme. Cet univers complexe, cette élaboration aboutie des pays et des mœurs de leurs habitants forment une chaine inextricable, où tout est lié, tout est clair.
Si je devais soulever un seul point noir, ce serait le fond banal de l’histoire. Eh oui, si l’univers est diablement élaboré, le plan de l’épopée en revanche est d’une simplicité enfantine: un héros, des compagnons braves et courageux (je reviendrai plus tard sur la personnalité des protagonistes) qui se rencontrent parce-que c‘est écrit dans la prophétie (prophétie citée dans le prologue, d‘ailleurs, donc on peut penser qu‘Eddings oblige un peu le lecteur à tout savoir à l‘avance), un gros méchant, un objet à récupérer pour ne pas que le gros méchant tue tout le monde. A mon avis, Eddings n’a pas du s’arracher les cheveux. On est loin de l’inextricable méli-mélo qui prône dans le Seigneur des Anneaux, dans l’Assassin Royal ou dans le Trône de Fer.
Et pourtant, la magie opère. Pourquoi donc ? Peut-être justement car tout cela est simple. Simple, mais d’une qualité sûre, où chaque mot est pesé avec soin, où chaque action de Garion a un but précis, même si celui-ci n’est révélé que plus tard (creusez-vous les méninges… Garion aurait-il réussi à battre cet ennemi s’il n’était pas tombé dans le vide, après avoir mangé un écureuil volant, ce qui lui permit de planer allègrement au lieu de s’encastrer dans le sol comme c’est le cas dans un dessin animé ? Non. Tout est lié, je vous dit).
Ce qui fait également la force de cette saga, c’est le réalisme qui s’en dégage. Si les bons triomphent toujours, ils n’y parviennent pas vraiment d’un coup de baguette magique, au contraire: il leur faut passer de nombreuses étapes avant de réussir leur coup. L’ennemi semble toujours avoir un train d’avance, ce qui tient le lecteur en haleine (même si au fond on sait que les gentils vont gagner, mais laissons-nous prendre au jeu, voulez-vous).
Je vous parlai vaguement ci-dessus des personnages. J’ai ici l’occasion de m’étendre sur le sujet.
Silk, Barak, Durnik, Polgara, Garion ou encore Hettar ont tous leur personnalité propre. C’est à se demander si Eddings n’a pas participé à quelque réunion satanique, pour parvenir à se glisser à ce point dans la peau d’un personnage. Silk est un menteur, un escroc doublé d’un marchand peu scrupuleux, Barak est la force pure, bourru mais au grand cœur, Durnik (en bon Arandais) a le cœur sur la main mais est un peu étroit d’esprit, Polgara est dure, froide parfois, mais fait tout pour protéger les gens qu’elle aime, Garion est stupide (pardon Garion) , naïf, se plaint souvent et Hettar est un éternel associable qui ne peut pas voir les Murgos en peinture. Et il y en a encore bien d’autres…! C’est à coup sûr ce qui fait la force de cette saga. Les personnages, d’un réalisme effarant, prennent vie dans un décor soigné, où chaque détail a son importance. C’est sans compter les dialogues parfois délicieux que nous pouvons observer (notamment entre Belgarath et Polgara, il en ressort parfois des citations épiques), l’humour est souvent présent, parfois pince sans rire, parfois bourru, parfois attendrissant.
Que dire de plus ? J’ai découvert cette saga par le biais d’une amie, qui m’a un peu forcée à la lire (elle n’a pas usé du chalumeau, mais presque), et je ne le regrette pas. J’ai trouvé dans cette saga une petite flamme qui a fait briller mes yeux d’éternelle rêveuse, une lueur que je n’ai pas retrouvée dans le Trône de Fer. Lorsque vous refermez le cinquième tome de cette saga, c’est un peu comme si vous disiez adieu à des amis…
Mais rassurez-vous, si vous restez sur votre faim, David Eddings a écrit la suite de la Belgariade. Ca s’appelle « La Mallorée », et c’est tout aussi génial. Si vous comptez les cinq tomes de la Belgariade, les cinq autres de la Mallorée, plus les quatre tomes des préquelles (à lire en dernier, sinon vous risqueriez de spoiler l’histoire), cela vous fait un total de quatorze livres. Je pense que vous êtes paré.

Pour conclure

Je dirais que la Belgariade est une saga merveilleuse, que tout bon amateur d’heroic fantasy se respectant est obligé de lire. Je conseille toutefois à ceux qui découvrent ce genre de la lire en premier, car comme je l’ai dit plus haut, le fond est assez basique, et vous risqueriez d’être déçu (surtout si vous venez de terminer un monstre de complexité bourré de manigances fielleuses tel que l’Assassin Royal). Toutefois, comme Eddings reste un monument de la fantasy, vous êtes comme qui dirait forcés de le lire, ne serait-ce que pour vous vanter de l’avoir fait. Croyez-moi, vous passeriez un agréable moment, et si vous appréciiez, vous en parleriez autour de vous, ce qui permettrait à cette saga méconnue d’agrandir son cercle de fervents admirateurs…